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Jour 15 - "En lenteur" - 21.08.2020

  • Photo du rédacteur: hinardflorence
    hinardflorence
  • 2 sept. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 sept. 2020

Je quitte la rue de la Liberté avec mon vélo et mon sac à dos pour m'installer à Cascabel. C'est la première fois que je voyage avec si peu et je dois dire que je prends vraiment plaisir à cela. Je crois que ce n'est que le début. J'arrive aux environs de 8H15. La séance matinale débute à 8h30. Tout le monde y est convié, y compris les nouveaux arrivants Xavier et Nathalie. J'apprécie ce moment de silence partagée avec tous. C'est précieux. C'est le début d'une rencontre. Je sens les énergies de chacun. Je sens leur souffle, j'entends leur respiration, je ressens leur endroit de détente et de nervosité. Allergique à la poussière, Nathalie tout proche de moi fait des allers et retours dans le club house mais cela ne me dérange pas. Je la sens néanmoins très active. Elle ne laisse pas aller son poids au sol, vers le centre de la terre.


À la suite de la séance, Luc nous demande de nous exprimer.


- Je n'arrive pas trop à mettre des mots dessus dis-je. Toujours à la croisée de la sensation du sommeil et une attention portée à l'environnement, l'espace, les bruits de chacun, les bruits extérieurs et la lumière.

- Mais ça ne te gène pas me questionne Lola ?

- Non. J'ai aimé la qualité du silence.


En effet, c'est la première fois que je n'ai pas eu la sensation (ou la nécessité) à un moment donné de vouloir partir durant la séance de méditation. Sans jamais le faire toutefois, l'intention seulement.


Petit déjeuner. Porridge pour tout le monde exceptées Lola et moi.


10h15 Charlène met les chaussures des chevaux.


- Tu veux de l'aide ? Ça a l'air d'être la galère.

- Bah oui c'est la vie ! C'est le jeu ! Mais avec des fers, ce cheval (Luzio) serait foutu. (Elle a peur qu'il soit fourbu. C'est l'une des plus grandes craintes des écuyers avec les coliques.) Et quand je vois les gens avec des chevaux aux pieds nus galèrer, je me sens moins seule.


C'est la grande force de Charlène. Elle fédère, agit, pense collectif tout en gardant un espace de réflexion solitaire.


Je sens que je suis de trop à cet instant précis. Je me retire.

Charlène installe les capteurs sons sur Listan

10h35 Tests sons avec Xavier, Listan et Charlène. Elle installe les capteurs sur les membres de Listan alors que Luc prend place dans le manège. Il revient des courses.


Le vent affleure la bâche noire. Celle que nous avons disposé avec Luc. Celle qui sert de séparation entre la piste de travail et l'espace de liberté. La lumière est belle ce matin. Le ciel est bleu, dégagé, quasiment sans nuages. Mon regard a du mal à trouver un point d'ancrage sur le travail en train de se préparer. Il se perd dans l'immensité du ciel, revient puis repart. J'abdique et le laisse aller.



Mon regard se perd, j'entrevois le ciel


Xavier a du mal à capter les sons et le rythme de Listan à cause du vent. Décidément, ciel et vent veulent se faire entendre ce matin. Charlène ne lâche rien, comme d'habitude. Elle tente sur la tête de Listan, au niveau du chanfrein, sur son encolure, dans ses crins... Avant d'essayer avec Luzio, Charlène, Lola et Listan improvisent ensemble.


- En lenteur intervient Luc.


11h30 c'est au tour de Luzio de tester les capteurs. À peine entré en piste, Luzio se dirige vers l'endroit où était disposé le piano la veille ou l'avant veille. Charlène tente de le stimuler avec des images et des sons afin qu'il émette des appels de contact. C'est une matière de travail pour Xavier. Luzio réagit vivement mais sans émettre de sons. Ce qu'il y a de plus beau à voir pour moi, c'est le silence autour de lui, la concentration sur ce qui devrait advenir mais n'advient pas. La présence de Luzio, l'attente...



11h45 Xavier propose d'aller chercher son saxophone.


- Luzio saxophone, Luzio saxophone s'écrie Charlène dans un grand rire. Elle garde la ferveur de l'enfance.


Xavier sort l'instrument avec délicatesse, se dirige vers Luzio et joue. De l'autre côté, à travers la grille, une fine brèche me permet d'entrevoir Listan. Il réagit à chacun des sons émis.


- Il trouve cela intriguant, ça ne lui fait pas peur demande Xavier à Charlène.


La relation entre les deux protagonistes, Xavier et Luzio m'a beaucoup touchée. L'espace, le rythme, le dialogue. Tout y est pour moi. Tout existe.


14h19 après être partie chercher du chocolat pour l'équipe, je rejoins Lola au manège. C'est la seule personne que je n'ai pas réellement approché pour le moment. Je me dis qu'aller à son contact dans son élément (la danse) et seule me permettra de la connaitre davantage. Je sens qu'elle respire la musique, je sens que chez elle aussi c'est une nécessité. Les hauts parleurs grondent derrière moi, derrière mon épaule, mon oreille gauche. Je la vois chercher avec acharnement. Non pas infatigable mais assujettie à la recherche, à la recherche du mouvement, au désir du mouvement. Elle monte sur le bord de piste. Cela doit faire plus de deux heures qu'elle danse. Je ne suis même pas certaine qu'elle soit consciente du temps qui passe. Je connais. Je connais cette soif du mouvement, cette avidité du rythme. Être à l'affût, vider le corps, vider le corps de son énergie.


14h50 je décide d'arrêter d'écrire. La réunion entre Luc, Charlène et Xavier a pris fin. Place à la construction du nouveau piano pour Luzio.


Charlène demande ensuite à Xavier s'il peut leur passer son répertoire pour qu'ils puissent "améliorer leur culture musicale avec des sons de Xavier, pour eux, en vue de composer avec, pour..." ajoute-t-elle. Leur épiderme a l'air de réagir mais c'est surement une impression de ma part.



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© 2020 par Florence HINARD

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