Jour 8 - "Je ne pense pas que le cheval soit empathique." - 14.08.2020

Après un détour pour aller chercher des légumes frais, j'arrive à Cascabel aux alentours de 11h30. Pluie fine, de la bruine même. Je range les légumes et fais la vaisselle. Charlène arrive. Nous échangeons deux trois mots avant de retourner vaquer à nos occupations. J'apprécie le silence, de ne pas être dans l'obligation de parler. C'est aussi à cela que je reconnais les "gens de chevaux". Charlène s'occupe des box, moi des prés.

Plus tard dans la journée, Charlène décide de faire travailler Listan avec le tissu aérien.

- Aujourd'hui t'as vu Listan réfléchir avec le tissu.

- Comment tu sais qu'il a réfléchi plus que d'habitude ?

- Parce qu'il a proposé quelque chose qu'il n'avait jamais fait.

Charlène me fait travailler en liberté avec Listan. C'est une manière pour elle de le préparer à l'arrivée de Lola, la danseuse.

- Il s'habitue à quelqu'un d'autre que moi.

Pour me permettre de m'exercer, Charlène fait Listan. C'en est troublant. Je sens qu'elle est très imprégnée de ses réactions, au point que je ne fais plus la différence dans ma manière de me comporter avec elle ou Listan.

En fin de séance, Charlène me dit que l'on s'est trouvés avec Listan car j'avais été exigeante sans rien lâcher donc je ne pensais plus aux gestes.

Ce que je retiens de cette expérience, c'est la nécessité que j'ai éprouvé d'être avec Listan dans le silence pour débuter le travail. De prendre le temps de se sentir sans se toucher, de s'accorder.

Pendant le repas, nous discourons. Elle me parle de l'umwelt, du travail aliénant et du travail émancipateur pour les chevaux.

- Tu penses que les chevaux sont empathiques ?

- Je ne pense pas que le cheval soit empathique, par contre je pense que l'on peut faire croire sur scène qu'ils sont empathiques ! C'est ce que fait le théâtre du Centaure.