Épisode 3 - "Qu'est-ce que t'entends ?"
- hinardflorence
- 3 févr. 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 févr. 2022
Afin qu'Amandine appréhende à l'image mon corps et se familiarise avec mes déplacements, mon énergie, mon jeu, ma voix, tant d'autres choses que je n'imagine pas et qu'elle traque avec son troisième oeil ; je lui propose de m'accompagner à la Cartoucherie (Arta) dans le cadre du travail de recherche-création d'Olga Lucia Cobo "UMYA". Elle y reviendra plusieurs fois.

Sous l'impulsion donnée par Olga Cobo lors d'une séance de travail un peu particulière pour moi, je partage avec le groupe les fragments d'un souvenir d'enfance. Ma première rencontre avec un cheval. Un souvenir qui se déroule un peu avant mon appareillage auditif et que j'ai transformé en récit autofictionnel. Une fois la lecture terminée, Amandine me glisse à l'oreille en aparté.
- J'ai vu les images. J'aimerais les filmer.
Sur le chemin du retour et en direction du centre de Paris, Amandine manifeste un vif besoin de comprendre ce que j'entends. Elle évoque une possible traduction de mon univers sonore à l'écran. Qu'est-ce que j'entends ou non, comment je l'entends sans vouloir mettre mes oreilles à l'épreuve, c'est à dire sans passer par une évaluation objective comme je la subis depuis longtemps chez l'ORL ou chez l'audioprothésiste ; en redoutant à chaque fois le constat d'une perte de mon audition. À aucun moment nous évoquons le fait de faire des tests avec des sons. Cela se joue davantage sur la description de ces derniers par la mobilisation des mots et des images.
- Par exemple, le son de cette pièce a, pour moi, un aspect cotonneux. Je lui parle d'une pièce reliée à mon souvenir. C'est d'ailleurs un son qui m'apaise beaucoup. Comme si le coton absorbait tous les bruits parasites, les bruits qui me brutalisent et heurtent mes oreilles (le grincement du métal, le froissement du plastique...) Comme si l'aspect cotonneux de cette pièce permettait l'absorption de tous ces bruits et que le silence pouvait alors advenir. Silence dont j'ai besoin pour me reposer mais que je redoute aussi profondément.
Je la vois qui acquiesce et prend note dans sa tête.

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